fbpx

Et si c’était un burn out parental?

« Je n’en peux plus, tant pis, ça m’est égal, je les laisse faire ce qu’ils veulent. »

Je n’oublierai jamais cette phrase que je venais de prononcer.

Épuisée physiquement et mentalement, je venais de dire à mon mari que mes enfants pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Je n’avais plus la force d’argumenter, plus l’envie d’expliquer pourquoi ils devaient se doucher, faire la sieste, ou ranger leurs jeux ou prendre le médicament dont ils avaient besoin. À ce moment-là, je me sentais impuissante, incapable… Une mère qui avait tout donné pour ses enfants, et qui s’était vidée de toutes ses forces.

Je ne me reconnaissais pas, moi qui était toujours optimiste, qui avait désiré ardemment cette maternité, j’étais devenu méconnaissable, aigrie et en colère.

Cette fatigue extrême, cette lassitude profonde, je les reconnais aujourd’hui comme les signes d’un burn-out parental.

Pourtant, il y a quelques années, personne ne parlait de ce phénomène.

On évoquait le burn-out au travail, surtout dans les métiers du social, mais rarement celui des parents.

Si j’avais su que ce que je vivais était un burn-out parental, peut-être aurais-je pu trouver de l’aide plus tôt.

Grâce aux recherches de l’équipe de l’Université catholique de Louvain, menées par Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, nous savons maintenant que ce burn-out est une réalité pour de nombreux parents. Il représente un danger pour leur santé physique et mentale, ainsi qu’un risque pour leurs enfants. Mais, heureusement, il existe des moyens de s’en sortir, de retrouver des forces et de retrouver le plaisir de la parentalité.

C’est pour cela que j’écris cet article.

Non pas pour dresser une longue liste des fardeaux que portent les parents aujourd’hui, mais pour dire :

Oui, le burn-out parental existe

OUI, on peut être en burn-out parental,
OUI c’est différent d’une fatigue modérée qui vient mais qui repart,
OUI c’est une souffrance réelle MAIS surtout qu’on peut la soigner et aller mieux. N’hésitez pas à visiter les ressources disponibles : faites le test, lisez les articles, regardez les vidéos proposées. Même si cela ne vous concerne pas directement, cela élargira votre horizon de compréhension.

Les signes du burn-out parental

Reconnaître les signes du burn-out parental est essentiel pour pouvoir y remédier. Voici quelques symptômes clés à surveiller :

  1. Une fatigue accablante : Une énorme fatigue physique et mentale qui ne disparaît pas, même après un repos prolongé. Cette fatigue s’étire et s’intensifie, rendant chaque journée un peu plus difficile à affronter.
  2. Distanciation émotionnelle : Vous vous sentez de plus en plus détaché de vos enfants. L’empathie diminue, et chaque petite chose qu’ils font semble vous agacer. Vous vous surprenez à les éviter et à vous énerver facilement.
  3. Sentiment d’inefficacité : Vous avez l’impression que rien ne fonctionne, que vos efforts sont vains. Ce sentiment de perte d’épanouissement dans votre rôle de parent est dévastateur. Vous avez l’impression de « perdre vos moyens », de ne plus être capable de gérer les situations comme avant.
  4. Coupure : Vous ressentez une sorte de rupture avec votre ancien moi. Vous n’êtes plus la même personne, et cela se reflète dans vos interactions avec vos enfants et votre entourage.

Est-ce qu’on ne se retrouve pas tous un peu dans cette définition, me direz-vous ? Oui, mais pas tout à fait. Parce que le burn-out parental va au-delà du simple « ça arrive, c’est normal, après une bonne nuit de sommeil ça ira mieux ». On ne peut pas résoudre ce problème avec un week-end entre copines ou une pause café au milieu du chaos du samedi matin.

Le burn-out parental se manifeste par une perte totale d’équilibre entre ce qu’un parent peut offrir et ce que la parentalité exige. Il touche particulièrement les parents qui cherchent à bien faire, à tout prix, jusqu’à épuiser complètement leurs ressources. Ils ont payé trop cher, trop longtemps, et maintenant ils sont à bout. À un moment donné, le système craque. En cherchant à donner le meilleur constamment, ils trébuchent et ne savent plus comment se relever.

Et tout cet amour pour leur enfant devient un fardeau. La parentalité devient trop lourde à porter, les tâches à accomplir semblent insurmontables, même les plus petites comme prendre un rendez-vous chez le dentiste. Les responsabilités parentales prennent des proportions démesurées, comme dans un miroir déformant. « Il faudra encore l’aider à s’habiller, répondre à mille questions, lui préparer à manger… ».

Le parent en burn-out se sent aspiré par un trou noir qui engloutit toute son énergie. Il ne reste que des miettes de la personne qu’il était avant. Il passe en mode automatique, effectuant les tâches sans grande motivation, sans attention pour l’enfant, sans présence émotionnelle, sans écoute. Et c’est là que réside le danger. Le parent perd son instinct naturel pour répondre aux besoins de l’enfant. Cela me rappelle ce qu’on nous avait expliqué à propos de la lèpre quand j’étais enfant. La peau devient insensible, la personne ne sent pas quand elle se blesse, elle ne réagit donc pas assez vite et tout s’aggrave. Dans le burn-out parental, c’est pareil : on perd la sensibilité émotionnelle, nos signaux d’alerte s’éteignent. On n’entend peut-être pas les appels à l’aide de notre enfant, ou pire, on ne réagit pas à sa souffrance lorsqu’on passe nos nerfs sur lui par nos paroles ou nos actions.

Alors, oui, le burn-out parental est un sujet grave, un sujet crucial dont il faut parler ouvertement, qu’il faut affronter, non seulement pour aider le parent en détresse (psychiquement et physiquement, vu le stress et le cortisol qui s’accumule à long terme dans son système) mais aussi pour les enfants, pour les familles qui se retrouvent prises dans ce tourbillon.

Et là, la moutarde me monte au nez! Comme dirait Caliméro, « C’est vraiment trop injuste ». D’abord, on met une pression insoutenable sur les parents, ils s’effondrent, et ensuite, quand ils vont mal, on leur met encore plus de pression en disant « Oui mais si tu es en burn-out, ton enfant va souffrir ». C’est un piège, un cercle vicieux. Les parents se retrouvent tiraillés entre mille et une attentes irréalistes. Ce cercle vicieux commence avec les pressions subjectives ou objectives que les parents ressentent, il se poursuit avec le manque de soutien, et il est alimenté par l’idéologie du « il faut tout faire et plus encore pour rendre nos enfants heureux ». C’est comme essayer de danser la macarena en talons aiguilles sur une patinoire.

C’est périlleux et quand on dérape, c’est la catastrophe. Le grand dérapage, c’est quand l’équilibre se perd, quand la balance penche trop d’un côté et qu’on ne sait plus comment s’en sortir.

Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak soulignent dans leurs travaux que le burn-out parental résulte d’une perte d’équilibre entre les ressources disponibles et les exigences de la parentalité. Pour aller mieux ou prévenir le burn-out, il faut travailler à retrouver cet équilibre.

Quelques conseils pour retrouver l’équilibre :

  1. Observer et ajuster votre balance : Apprenez à identifier et retirer les charges non essentielles de votre vie quotidienne, comme les « on devrait » ou les attentes des autres.
  2. Ne pas chercher à être parfait : Acceptez que vous ne pouvez pas tout faire. Il est important de se reposer et de récupérer vos forces.
  3. Déléguer : N’hésitez pas à déléguer certaines tâches, même si elles ne seront pas faites exactement comme vous l’auriez fait.
  4. Rechercher les moments de plaisir : Devenez un détective des moments de joie. Identifiez et savourez les petits moments où vous appréciez être avec vos enfants.
  5. Choisir vos batailles : Ne vous épuisez pas à essayer de tout contrôler. Priorisez les enjeux et ajustez vos réactions en fonction de l’importance des situations.
  6. Trouver du soutien : Recherchez des espaces où vous vous sentez compris et soutenu, comme des groupes de parents ou des amis proches.
  7. Ralentir et s’écouter : Prenez le temps de vous observer, de reconnaître vos émotions et d’écouter celles des autres. Apprenez à exprimer vos sentiments et à reconnaître les besoins des autres.
  8. S’éloigner des sources de stress : Si les réseaux sociaux ou d’autres facteurs vous font vous sentir inadéquat ou comparé aux autres, éloignez-vous-en.

Ne vous reprochez pas les moments où l’équilibre se fragilise. L’autocritique constante est épuisante et contre-productive. Concentrez-vous sur la recherche de solutions et sur la reconstruction de vos forces.

Enfin, refusez la pression ambiante qui pèse sur les parents. Tout ne se joue pas maintenant, et la vie n’a pas besoin d’être parfaite pour être belle. Ayez confiance en vous et en vos enfants. Les erreurs et les imperfections font partie de la vie, mais elles n’empêchent pas la joie et le bonheur.

 

Martine LEBON

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut